Sufisme et confrérie des Aissawa

BIOGRAPHIE DU CHEIKH BOUDJEMAA EL ISSAOUI:

Boudjemaa ben Mohammed connu de son nom el Issawi, était un ascète et mystique soufi, membre de la confrérie des Aïssawa ou Īsawīya au Maghreb. Il est né en Algèrie et vécu à Zaghara (1) (La consulaire) Commune de Sainte-Eugène (actuel Bologhine) Il mourut à un âge avancé en 1953. On ne sait pas grand-chose de sa jeunesse, ni la date exacte de sa naissance.

Il vaguait par les rues de la ville d’Alger et surtout de la Casbah, et quelques fois il fréquentait les marchés aussi, prophétisant et recitant des poèmes improvisés sans écrire les textes, et dont il fit son mode de vie lorsqu’il était invité dans les fêtes, mariages, Baptêmes, etc. pour faire écouter son savoir. Il était doué d'une prodigieuse mémoire, il a mémorisé tout le coran oralement seulement en écoutant les imans le reciter dans les mosquées ou les Zaouias de la confrérie. Pour s’exprimer il utilisait seulement des proses rimées dans la langue Algéroise. Il n'a pas laissé d'ouvrages écrits. Avoir une conversation directe de quelques minutes avec el Issawi, écouter l'un de ses poèmes ou ses proses, c’est ce qu’il peut vous arriver de plus merveilleux de toute votre vie, et sans jamais oublier ce fantastique moment.

"Alger ma Radieuse !
Dans ta Casbah où je suis née
Cette Rose Blanche à l’aspect barbare
Dans tes ruelles sombres et joyeuses
Où le soleil montre en apparence ses lumières
Là, tu caches presque tous tes secrets
Même ton plus beau sourire tu le fais à la mer"

Un fait remarquable parmi tant d’autres : Pendant l'une de ses randonnées comme à l'accoutumée, il échangea une conversation avec un marchand de légumes au marché Rondon. (Basse Casbah) En quelques minutes il avait attiré l’attention de centaines de personnes qui se sont réunis autour de lui pour écouter ses proses, les clients des autres emplacements du marché avaient abandonné leurs achats pour venir lui prêter l’oreille, les boutiques et les cafés des alentours ont été complètement désertés par les clients. Un événement extraordinaire et pourtant habituel, venait encore de se produire, pour démontrer combien cet homme EL ISSAOUI, était connu, apprécié et estimé parmi la population Algéroise de cette époque.

Il avait aussi acquis une réputation notable parmi les commerçants Juifs et Algérois de la rue Bab-Azoun et la rue de chartre, où il passait le plus souvent de longues heures avec eux à disserter religion et faits de sociétés. Les intellectuels qui ont approché et conversé avec EL Issaoui, le considéraient un humaniste, avec une culture très spéciale dans le domaine religieux et philosophique. Il n'abordait jamais et avec personne des discutions politiques, parce qu’il disait dans l’une de ses proses :

"Politicien, je n’ai pas les qualités requises pour faire cette profession
La politique est une propriété du diable il faut donc avoir son autorisation
Je suis son adversaire déclaré il ne me laissera pas occuper cette fonction"

Il avait prophétisé l’état d’Israël de 1948 en l'associant avec la naissance de l'ANTÉCHRIST (El Djalal).
les trois guerres israelo-Arabes.
La seconde venue du Messie

Comme la plupart des enfants de notre génération, nous le poursuivions partout où il se trouvait dans les différents quartiers, pour l’écouter et essayer de mémoriser ses proses. Pour certains, il marqua mémorablement notre vie. Il était admiré, aimé et respecté par tout le monde, il était toujours invité et reçu chez les gens comme un véritable Saint, mais il ne voulait jamais qu’on le prenne pour un marabout. Tous les enfants étaient immunisés par lui contre les animaux vénéneux, serpents, scorpions, guêpes, abeilles, etc. Il crachait dans nos mains en recitant quelques versets du Coran (pour nous faire comprendre que c’est de Dieu seul qu’il a reçu ce pouvoir) et tout de suite après nous pouvions aller jouer avec les scorpions et les serpents sans nous faire aucun mal, nous pouvions déguster le miel dans les ruches des jardins alentours à Zaghara, sans nous faire piquer par les abeilles. L’éducation que les enfants recevaient de lui en l’écoutant, était d’une grande valeur morale.

De nombreux artistes et chanteurs de la musique chaabi de cette époque, se sont inspirés de ses proses et poésies pour composer, interpréter et enregistrer leurs œuvres, que nous pouvons encore aujourd’hui écouter.

En matière de tolérance religieuse, El Aïssaoui avait noué aussi de très bonnes relations amicales avec les pères Blancs de Notre Dame d’Afrique. Ces derniers, le tenaient en haute estime et connaissaient bien sa renommée parmi la population. Notant aussi, que cette cathédrale où chrétiens et musulmans s’y côtoyaient, était beaucoup plus fréquentée par des musulmans que par des chrétiens.

Dans les années 30, El Aïssaoui proposa aux Sœurs Clarisses (Religieuses de l'ordre de sainte claire) qui ont accepté tout de suite, un projet pour prendre en charge dans leur monastère, l’apprentissage des jeunes filles musulmanes de Zaghara, dans le domaine des broderies et des coutures de vêtements brodés, un art très difficile, et bien d’autres activités éducatives et sociales. Ce fut un succès extraordinaire, puisque les meilleurs et les plus beaux vêtements cousus et brodés en Algérie, sont sortis du monastère des Sœurs Clarisses à N.D. d’Afrique. Chacun a finalement trouvé son compte.

On a dit qu’au début, Mgr.Leynaud, Archevêque d’Alger dans cette période, était très sceptique pour la réalisation de ce projet, mais il finit par admettre l’évidence que c’est l’un des plus important que l’église a réalisé à Alger, grâce aux Sœurs Clarisses et à Boudjemaa El Aïssaoui.

A sa mort, sa fille a hérité de lui son génie sublime et mémorisé des dizaines de milliers de proses, poèmes et prophéties. Elle était une véritable et merveilleuse bibliothèque vivante. Elle avait un miraculeux et fantastique talant pour reciter toutes les proses de son père lorsqu’elle avait une occasion d’être invité aussi dans les fêtes. Après l’avoir écouté, tout son auditoire se précipitait pour la récompenser avec des cadeaux. Elle mourut dans les années 80.

El Issawi a prophétisé la révolution du 1er Novembre et l’indépendance de l’Algérie dans les années 40.
D'aucuns, lui ont a attribué cette prophétie, juste après la tragédie de Sétif en 1945.

"Tu seras purifiée par tes martyrs avec leurs larmes et leur sang
Pour renaître tu seras voilée d’un symbole vert et blanc"

Cette prophétie citée plus haut, était inscrite en arabe sur la porte d’entrée du mausolée de la tombe de Sidi-Abderrahmane à la basse Casbah. L’armée Française a essayé de l'effacer plusieurs fois, mais sans succès, parce que cette inscription avait tendance chaque fois à réapparaître. On a finalement décidé par démonter et emporter tout le cadre et sa porte.

Une de ses prophéties la plus connue de son temps, et qu'elle était aussi annoncée dans le Coran et les traditions islamiques (Hadits), pourra maintenant s’accomplir ? parce qu’il disait qu’elle s’accomplira probablement au 15ème siècle de l’hégire. (21éme siècle)

"De Tanger jusqu’à Carthage
Il n’y aura que ruines et Carnages "

"Je pleure pour vous femmes Algéroises opprimées ( Bkit alikoum yal hadriate)
Vous serez dans les rues délaissées et dépouillées" (Touelieou feznak marmeyate)

"Lorsque Gog et Magog déferleront avec violences et dévastation
Le monde entier se réduira au quart de sa population"

Pour el issawi Gog et Magod (Hadjouj et Madjouj) sont des intra terrestres

Il disait à tout venant que, L’indépendance (Houria) est comme un nouveau-né, les parents (Gouvernants) doivent bien la nourrir, la protéger et l’éduquer, sinon, El Houria deviendra malveillante et sera pour toujours un grand malheur pour le peuple.

Voici quelques-unes de ses proses prophétiques sur l'Algérie indépendante:

"Oh Algérie Ya el Djazaïr"

"J’ai cherché en toi des signes d’un pays évolué et d’une souveraine nation
Je n’ai trouvé que des tribus berbères opposés, sans valeur et sans aspirations"

"J’ai cherché en toi des hommes honnêtes des hommes de bien
Je n’ai trouvé que des hommes sans-dessein et des hommes de rien"

"J’ai cherché en toi des hommes dévoués, généreux et charitables
Je n’ai trouvé que des cupides, des avides de richesses et insatiables"

"J’ai cherché en toi une religion et des croyants avec des symboles étiques
Je n’ai trouvé que des intolérants, des perfides et des fanatiques"

"J’ai cherché en toi des intellectuels, des savants, des scientifiques
Je n’ai trouvé que des ignorants, des despotes et des tyranniques"

"J’ai cherché en toi une justice intègre, juste, honnête et équitable
Je n’ai trouvé que des corrompus, des hypocrites et des méprisables"

J’ai cherché en toi une jeunesse studieuse, pour léguer tes mémoires à la prospérité
Je n’ai trouvé que des indolents, des insoucieux, des immigrés et des exilés"

"Nombreux seront ceux qui voudront s’identifier dans « J’ai cherché en toi »
D’aucuns n’admettront, ni ne se reconnaitront dans « Je n’ai trouvé en toi »"

Copyright

(1) Zaghara,(un alias donné à la "Consulaire" par ses habitants et qui veut dire "les youyous, Zaghratas") Fief ou Domaine établit par les colonialistes Français pour installer les condamnés pour «interdits de séjour » Les truands et trafiquants de toutes classes qui pullulaient à Alger, les opposants politiques surtout ceux qui préconisaient la lutte pour l’indépendance et certains membres du M.N.A, quelques centaines de réfugiés politiques antifranquistes espagnols, catalans et basques, ainsi que tous ceux qui prononçaient des critiques acerbes contre les colons racistes et contre leurs complices les Beni-oui oui Algériens. Après la fin de la deuxième guerre mondiale, Zaghara (la consulaire) fut rattachée définitivement á la commune de Saint Eugène, (actuelle Bologhine) et cessait d’être considérée Fief pour les interdits de séjour.